"Je m'annonce partant !"

"Je m'annonce partant !"

“Chers (ères) camarades,
Un chapitre de mon existence va s’achever au terme de cette semaine.
De mes activités militaires, je garderai à l’esprit des souvenirs et des impressions contrastées.
Je me souviendrai toujours avec émotion de la loyauté, de la compétence et de l’amitié de l’écrasante majorité de mes collaborateurs. Ils auront été une source intarissable de satisfactions et de fierté. Mes nombreuses années de commandement à la tête des Ecoles de grenadiers de chars, puis à la direction de l’Ecole de commandement unité de Berne, auront tout particulièrement alimenté mon enthousiasme et ma motivation. J’adresse ici ma plus profonde reconnaissance à tous ceux qui m’ont accompagné et qui ont contribué, de manière décisive, au succès de nos diverses entreprises et autres actions ! MERCI CHALEUREUSEMENT A VOUS TOUS.
Je garderai bien entendu également un souvenir ému, en pensant à tous les officiers, sous-officiers et soldats qui ont souvent manifesté leur plaisir, leur fierté et leur satisfaction d’avoir servi sous mes ordres. Je n’ai pas souvenir d’avoir été profondément déçu par un seul d’entre eux.
Enfin, j’ai eu le privilège de servir sous les ordres de deux très grands chefs militaires, beaucoup trop tôt disparus, qui m’ont servi de références tout au long de mon parcours professionnel. Je déplore que la jeune génération ne puisse plus être inspirée par de tels exemples.
Je ne puis me retirer sans évoquer le souvenir de ces deux camarades :
Le Divisionnaire Fred Suter aura symbolisé pour moi la rigueur, l’exemplarité, et la discipline d’un vrai soldat. Exigeant infiniment plus de lui-même que des autres, il m’a guidé comme un père au début de ma carrière, puis inspiré jusqu’à aujourd’hui. Il m’a appris à m’engager pour un idéal et non pas pour une ambition. Il m’a engagé à me méfier des courtisans et à éviter de fréquenter les carriéristes. J’ai observé fidèlement ses conseils, sans n‘avoir jamais eu à le regretter. A défaut de carrière, l’honneur est demeuré intact. Je n’ai jamais cessé de penser à lui. Il nous a quitté définitivement le soir précédent la première cérémonie de promotion que j’ai eu l’honneur de diriger en tant que commandant d’Ecole. Il était prévu qu’il s’adresse à mes « premiers sous-officiers » ; cruellement, le destin en a décidé autrement. Dès ce jour, je ne peux m’empêcher d’avoir pour lui une pensée presque filiale, à chaque foi que retentit notre hymne national. Je n’oublierai jamais ce grand patron que j’ai si profondément respecté. Un des plus grands bonheurs de ma vie fût d’être devenu son ami au crépuscule de son existence. J’en suis malheureusement devenu bien trop tôt orphelin.
Le colonel EMG Henri Daucourt a impressionné d’innombrables officiers, sous-officiers et soldats par son enthousiasme, son dynamisme et ses profondes qualités humaines. En presque 38 années de carrière militaire, je n’ai jamais plus rencontré de personnalités aussi impressionnantes. Son charisme, sa spontanéité et son autorité naturelle ne pouvaient laisser personne indifférent. Cet homme avait le profil d’un très grand général. De lui, j’ai appris l’esprit d’entreprise, le goût de la performance et de la perfection et surtout l’audace de sortir des sentiers battus, sans trop se soucier des dommages collatéraux. Vouloir faire mieux, et surtout faire mieux, attise la jalousie des médiocres. Le colonel Daucourt a été à la fois victime de son succès et de sa personnalité, malheureusement au sens propre comme au figuré. Je me suis efforcé d’appliquer sa philosophie et de m’inspirer de ses actions, sans toutefois, bien entendu, être capable d’égaler cette personnalité hors normes. Son destin tragique a représenté pour moi une source inépuisable de réflexions philosophiques. En secret de tous, je n’ai jamais omis d’aller me recueillir sur sa tombe, à chaque fois que je me rends en Ajoie. Je n’oublierai jamais ce grand commandant, grâce auquel je suis devenu officier de carrière. Le colonel Daucourt est l’unique chef qui m’ait inspiré une si profonde admiration ; j’aurais tellement aimé lui ressembler !
Vous l’aurez compris, je regrette profondément qu’aucune personnalité de cette envergure ne se trouve aujourd’hui à la tête de notre Armée. Je quitte cette institution, que j’ai servie fièrement, avec le sentiment que son avenir est malheureusement de plus en plus menacé.
Ceci dit, je vais respecter strictement la devise « SERVIR ET DISPARAÎTRE ». Je veux m’engager vers de nouveaux horizons, de moi-même encore partiellement inconnus ; je m’en vais sans euphorie ni nostalgie !
A vous qui restez, j’adresse chaleureusement mes meilleurs vœux pour votre avenir et m’autorise à vous proposer amicalement un dernier conseil :
« Osez ! entreprenez ! engagez-vous au profit de vos collaborateurs et de vos subordonnés ; soyez heureux aujourd’hui sans trop vous préoccuper de demain ! »
Ceux qui me connaissent bien savent que je ne saurais conclure sans citer le Grand Empereur !
« Il n’y a pas de grandes victoires sans grands Hommes »
Cordialement !
Colonel EMG Daniel Escher
Commandant de l’école de commandement unité”

Kommentare: 1

  1. Urs Bauer, Oblt Pz Gren a.D. sagt:

    Eine der ausserordentlichsten Abschiedsrede eines in den Ruhestand übertretenden, grossen Offiziers. Ich hatte u.a. dass Vergnügen, Henri Daucourt während meiner Aktiv-Dienstzeit im Rgt chars 1 immer wieder zu treffen. Auch für mich war Henri Deaucourt ein grosses Vorbild.
    Ich wünsche Colonel EMG Daniel Fischer für seinen 3. Lebensabschnitt alles Gute. Offiziere wie er – ich wiederhole seine Worte: fehlen uns heute vor allem in der Spitze der Armee! Wenn schon die Politik heute nicht mehr weiss, wozu unsere Miliz-Armee dient – so sollte es doch wenigstens unsere Generalität wissen – doch offenbar ist dies nicht mehr der Fall und wen wunderts, wo wir heute bezüglich der Akzeptanz der Armee stehen.
    Hoffen wir, dass auch in naher Zukunft Persönlichkeiten wie Fred Suter, Henri Deaucourt, Claude Weber etc. wieder die Führung unserer Armee übernehmen werden.
    Urs Bauer, Pz Gren Oblt a.D.

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